Photographier la lune
S’il y a un sujet qui n’a l’air de rien mais qui est complexe à photographier, c’est bien la lune. Une fois qu’on a compris comment faire pour ne pas avoir juste un rond tout blanc sur sa photo, il faut arriver à trouver une composition intéressante, parce-qu’il faut bien l’avouer, rien ne ressemble plus à une photo de lune en gros plan, qu’une autre photo de lune en gros plan…
Une photo qui fonctionne à tous les coups (à condition qu’on la réussisse), c’est la pleine lune qui se lève au-dessus d’une montagne ou d’une ville. C’est souvent impressionnant à voir parce-que plus la lune est proche de l’horizon, plus elle parait grosse (en tout cas c’est l’impression que j’ai). On peut encore amplifier cet effet de grosse lune si on a un téléobjectif.
Ainsi j’ai pu réaliser les deux photos ci-dessous, un soir d’été, complètement au hasard (oui parce-qu’une photo de pleine lune ça peut se planifier !). J’avais la chance d’avoir un 70-200mm avec moi.
La lune est extrêmement lumineuse, surtout lorsqu’elle est pleine. Ici le soleil était déjà couché depuis quelques dizaines de minutes, et dans ces conditions il est difficile d’avoir du détail dans les zones sombres (la ville, surtout sur la deuxième photo où il y a très peu d’éclairage urbain) et les zones claires (la lune). En général il faut faire un choix : avoir du détail dans les zones claires ou les zones sombres mais pas les deux. Heureusement le ciel n’était pas encore noir et donc j’ai pu récupérer du détail dans les ombres en post-traitement. L’idéal en fait si on veut avoir une photo d’une qualité irréprochable dans ce genre de situation (ici si vous zoomez, vous verrez qu’il y a pas mal de bruit numérique), est d’avoir un trépied et de faire deux photos : une photo exposée pour la partie sombre (et du coup la lune sera toute blanche, sans aucun détail) et une photo exposée pour la partie claire, donc la lune (et le reste de la photo sera tout noir). Ensuite on fusionne les deux photos et magie, tout est joli !
La lune est aussi présente de jour, lorsqu’elle est dans une phase croissante, elle se lève dans la matinée ou dans l’après-midi. Et dans ces conditions elle est beaucoup plus simple à photographier puisqu’il y a peu de différence de luminosité entre la lune et le reste du paysage.
Des fois on peut essayer d’être un poil plus original, comme sur la photo ci-dessous, prise à la période de Noël à Toulouse. Les ronds colorés sont en fait les lumières d’une guirlande. Ca donne cet effet de rond flou (bokeh) parce que la mise au point est faite sur la lune (à l’infini) et que la guirlande était à quelques mètres de moi, bien en dehors de la zone de mise au point.
Bon et sinon si on veut tout simplement photographier la lune ? En gros plan pour avoir tout plein de détail ? C’est possible évidemment, sans forcément avoir un télescope. Une première façon de faire est de zoomer au maximum sur la lune et… de shooter ! Pas besoin d’avoir un long temps de pose, même de nuit puisque la lune est très lumineuse. On peut obtenir ce genre de photo :
J’ai remarqué qu’on voit mieux les reliefs des cratères lorsque la lune n’est pas pleine. C’est sûrement comme les photos de jour, en été à 14h, la luminosité est telle que la lumière “écrase” tout et on a moins de micro-contrastes que sous une lumière du soir ou du matin.
Si vous avez été attentif tout à l’heure, je vous expliquais qu’on pourrait avoir du détail dans les ombres et les hautes lumières en faisant plusieurs photos et en les assemblant. Mais est-ce que ça pourrait fonctionner sur un croissant de lune ? Est-ce qu’on peut “voir” la partie de la lune qui est dans l’ombre ? Et bien… oui ! Si on fait une pose un peu plus longue, on aura la partie visible complètement blanche et on verra la partie dans l’ombre. Plus le croissant est petit, plus on aura un résultat meilleur car dans le cas inverse, la partie éclairée sera tellement brillante, qu’elle va complètement masquer la partie dans l’ombre.
Une fois les deux photos réalisées, on les assemble comme je l’ai fait sur la photo ci-dessous.
Si déjà ici vous trouvez que c’est de la triche, attendez de voir la prochaine technique. Comme on peut le voir ci-dessus, c’est pas mal mais on peut pas dire que la partie dans l’ombre soit d’une qualité irréprochable. Et bien sachez que si vous n’avez aucune éthique (en fait rien à voir avec l’éthique, puisqu’on a encore le droit de faire ce qu’on veut), il est possible d’avoir un résultat encore plus impressionnant en faisant une première photo d’un croissant de lune, exposée pour la partie visible, et quelques jours plus tard faire une photo de la pleine lune. Ensuite et comme tout à l’heure, on superpose les deux photos et on baisse l’opacité de la photo de la pleine lune pour faire semblant que c’est la partie dans l’ombre. La technique est un poil plus détaillée sur une de mes stories Instagram à la une. Sachez que j’ai appris cette technique (et celle d’avant) sur cette vidéo.
Voilà voilà, si on s’en donne vraiment les moyens on peut réaliser des photos complètement dingues. Regardez par exemple cette vidéo hallucinante du photographe Alyn Wallace. Y a du boulot !